En une semaine, le président de la FIFA Joseph « Sep » Blatter est passé par plusieurs états… abasourdi mercredi par l’arrestation de 7 des plus hauts responsables de la FIFA suite à une opération conjointe américaine et suisse, assommé jeudi par la sortie de Michel Plaitini qui lui demandait – vigoureusement – de s’en aller, remonté à bloc par sa réélection et agressif, féroce le soir même, assurant qu’il « pardonnait mais n’oubliait pas »… Qu’est-ce qui a bien pu se produire pour qu’il annonce son départ, à la surprise de tout le monde, ses adversaires compris ?
Les événements se sont enchainés depuis… Mardi 2 juin, le monde apprend que son numéro 2 et allié de toujours, le Français Jérôme Valcke, était informé du versement de 10 millions de dollars reçus de l’Afrique du Sud, à destination de « la diaspora africaine dans les Caraïbes », dont Jack Werner, ancien vice-président de la FIFA, était président. Ce dernier, ancien patron de la Concacaf (Confédération d’Amérique du nord, centrale et Caraïbes), , originaire de Trinidad et Tobago, est inculpé par la justice américaine, arrêté la semaine dernière et relâché contre caution.
Jérôme Valcke est secrétaire général de la FIFA et bras droit de Sepp Blatter. Difficile d’imaginer que le président n’était pas au courant de ce versement, qui aurait été effectué selon l’acte d’accusation en remerciement pour Werner pour avoir procuré trois voix à l’Afrique du Sud dans le vote pour l’attribution du Mondial 2010. Le vote avait eu lieu en 2004 et l’Afrique du Sud l’avait remporté contre le Maroc, par 14 voix contre 10.
Les Sud-Africains et la FIFA reconnaissent le versement, authentifié dans un document officiel, mais nient avec véhémence que cela ait pu être fait dans le cadre d’un acte de corruption. Argument des uns et des autres : Comment un versement en 2008 aurait-il pu servir pour un acte de corruption de 2004 ? Tout est possible et l’étau se resserre encore plus sur Blatter…
Au lendemain de sa démission, des médias américains assurent que le Suisse est désormais lui-même dans le collimateur de la justice américaine. Pour le New York Times, Blatter « a tenté depuis des jours de prendre ses distances vis-à-vis du scandale », mais les autorités « espèrent obtenir la coopération de certains des responsables de la Fifa inculpés » pour corruption pour resserrer l’étau autour de lui. La chaîne ABC News fait également état d’une enquête du FBI visant directement Blatter, en citant des responsables anonymes des forces de l’ordre ainsi que des sources proches du dossier, mais sans donner de détails.
Lorsqu’il a annoncé sa démission, Blatter savait-il que la presse américaine s’apprêtait à le mettre en cause ? Savait-il que la justice américaine allait essayer de tout mettre en œuvre pour obtenir des aveux contre lui des personnes actuellement incarcérées en Suisse ? Savait-il qu’Interpol se préparait à émettre des notices rouges (indication des personnes les plus recherchées dans le monde) contre Jack Warner, ex-vice président de la FIFA, Nicolas Leoz, ancien membre du comité exécutif de la FIFA, et aussi quatre dirigeants d’entreprises évoluant dans le marketing sportif ?
Et puis, pourquoi ne part-il tout simplement pas, laissant le doute planer plusieurs mois encore, le congrès électif ne devant se tenir qu’entre décembre et mars prochains ? Une négociation serait-elle en cours, dont les termes seraient encore inconnus du grand public, en attendant un autre grand déballage ?
Il apparaît dans cette affaire que même les Américains ne savent pas tout et n’ont pas tout recoupé car alors, pourquoi auraient-ils relâché Werner la semaine dernière et qu’Interpol lance aujourd’hui une notice rouge contre lui ?
Quant à la justice suisse, elle a affirmé par la voix de son porte-parole que la démission de Blatter n’ « aurait aucune incidence sur la procédure pénale en cours »…
Pendant ce temps-là, la Confédération africaine de football (CAF) reste en dehors de toutes les affaires, du moins pour l’instant. Rien n’est dit sur un rôle éventuel d’Issa Hayatou, ami et complice de Blatter dont il était le vice-président senior. Mais le Qatar devrait être inquiété car s’il s’avère qu’il y ait eu corruption dans l’attribution du mondial 2022, l’émirat devrait en être tout simplement dessaisi.
Avec panorapost
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