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Aliou DIA, président des Forces Paysannes : « L’agriculture se comporte bien présentement au Sénégal »

Honorable Aliou DIA, président des Forces Paysannes, président du comité de suivi de la campagne agricole, président de la Convergence pour le Renouveau et la Citoyenneté, maire de Mbeuleukhé, haut conseil des collectivités territoriales, dans un entretien accordé à Business221, est largement revenu sur la situation de l’agriculture dont selon lui, se comporte bien présentement. Il estime que depuis ces trois dernières années en termes de céréales, notre pays ne s’approvisionne plus au niveau des marchés du Burkina ou bien du Mali. Et il fait plus de 2 millions de tonnes de céréales et ça suffit pour nourrir les populations sénégalaises.

Business221 : Aujourd’hui comment se porte le secteur de l’agriculture ?

Aliou DIA : Je me félicite de vous avoir rencontré pour parler de l’agriculture en ma qualité de président du comité de suivi de la campagne agricole. L’agriculture se comporte bien présentement au Sénégal parce que comme vous le savez, le Sénégal avait élaboré une bonne politique agricole lui permettant effectivement de pouvoir faire fonctionner cette locomotive qu’est l’agriculture et qui traîne avec lui toute l’économie sénégalaise .

Si l’agriculture marche au Sénégal, tout marche bien mais si l’agriculture connaît des difficultés, les autres secteurs empâtissent. C’est pourquoi le Sénégal donne de l’importance à ce secteur de l’agriculture comme à ses sous-secteurs comme l’élevage et la pêche. Dire que l’agriculture se comporte bien, parce qu’aujourd’hui l’agriculture sénégalaise nourrit son homme. Le Sénégal importait beaucoup de riz parce que c’est l’aliment de base au Sénégal.

Le Sénégal importait également des céréales et en termes d’arachide qui est la principale culture de rente du Sénégal, le Sénégal traversait des difficultés mais Dieu merci, depuis ces trois dernières années en termes de céréales, le Sénégal ne s’approvisionne plus au niveau des marchés du Burkina ou bien du Mali. Le Sénégal fait plus de 2 millions de tonnes de céréales et ça suffit pour nourrir les populations sénégalaises.

En termes d’arachide, vous l’avez vu, depuis la récupération de la SUNEOR qui est redevenue la SONACOS, toutes les usines ont redémarré leurs activités, le travail saisonnier également a repris. Et l’usine a acheté cette année presque 100 000 tonnes d’arachides, ce qui fait en termes de vivres de soudure, en termes également de culture de rente comme l’arachide, le coton, le Sénégal fait des efforts. Et s’agissant du riz, on peut aujourd’hui même parler d’autosuffisance. Je crois que l’agriculture sénégalaise aujourd’hui, je touche du bois, est en bonne voie et est également entre de très bonnes mains.

Est-ce que les paysans ont reçu à temps les semences ?

Tout à fait, le Sénégal a mis également une structure d’organisation permettant de mettre à la disposition des paysans à temps les semences, les intrants et le matériel agricole et d’organiser également la commercialisation, c’est pour dire qu’en amont et qu’en aval, il y a un comité national de suivi de la campagne qui est présidé tous les 15 jours en réunion par le ministre de l’agriculture et l’ensemble de ses techniciens où on trouve également tous les acteurs, les organisations paysannes, les banques comme la CNCAS, les représentants des producteurs. Ils sont tous autour d’une table pour discuter sur l’organisation d’abord de la campagne.

C’est pour cette raison, quand le Sénégal définit le quota en termes de semences d’arachide, en termes de céréales, le quota en engrais et en matière agricole à faire le dispatching, le comité s’en occupe. Cette année, l’expérience aidant, nous avons mis à temps à la disposition des producteurs toutes les semences. C’est pour cette raison d’ailleurs que le Sénégal, cette année, a mis à leur disposition 75 000 tonnes d’arachide dont les 55 000 tonnes sont des certifiés et les 20 000 tonnes sont des écrémés. Cela donne également l’espoir parce qu’en termes de semences, on ne doit parler que de certifié.

Si vous voyez qu’on met 20 000 tonnes d’écrémé parce que c’est une variété 69 que l’on cultive en Casamance dont on n’a pas encore assez de certifiés mais avec les nouvelles variétés homologuées de l’ISRA, certainement sous peu, la Casamance aura également d’autres variétés adaptées à cette zone permettant de faire des certifiés et le Sénégal va avoir son capital semencier qui était de 120 000 tonnes parce qu’avec les 75 000 tonnes, les producteurs avaient encore des réserves personnelles qui équivalaient 50 000 tonnes, ce qui fait qu’on dépasse aujourd’hui les 120 000 tonnes. En termes de riz, 8000 tonnes de semences certifiées ont données, pour le maïs 2250 tonnes ont été données, pour le sorgho 120 tonnes ont été données, pour le niébé 13500 tonnes, pour le Fonio 100 tonnes et pour le Sésame 200 tonnes. Donc pour diversifier, le Sénégal a pris en compte toutes les filières et dans le domaine de la multiplication de ces bonnes semences, je crois que des réseaux semenciers ont été organisés.

Cela nous a permis cette année de mettre à la disposition des paysans à temps parce qu’avant le 15 mai, toutes les semences ont été déposées, ont été cédées aux paysans, ce qui fait qu’il n’y a pas de poche qui n’a pas reçu ses semences. En termes d’engrais, le Sénégal a donné cette année 125 000 tonnes. On a noté quelques poches comme la région de Diourbel surtout dans le département de Mbacké des zones où les opérateurs avaient failli. Ils n’avaient pas déposé ces engrais mais quand on a été informé, nous avons procédé par substitution, c’est-à-dire les opérateurs qui n’avaient pas respecté leur engagement, ont été enlevés et les quotas ont été confiés à la CDAP qui est une structure très sérieuse, très compétente, qui a déjà mis en place ces engrais, ce qui veut dire en tout cas cette année, tout a été mis à temps.

Et Dieu nous a gratifié de très fortes pluies parce que dans la deuxième décade du mois de mai, il a plu dans la plus grande partie du Sénégal et avant le 15 juin, il a presque plu dans tout le pays, ce qui fait qu’aujourd’hui, Dieu nous accompagne avec ces fortes pluies, réparties dans le temps, dans l’espace, nous permettant d’espérer avoir des records dans la production.

Selon vous, on peut dire que les semences ont été de très bonne qualité ?

Justement parce que quand on donne des certifiés, on peut affirmer que ce sont des semences de bonne qualité. Et s’il s’agit de l’arachide, c’est là où on a 20 000 tonnes d’écrémés mais les 55000 tonnes, c’est des certifiés mais s’agissant des autres filières, toutes les semences sont des certifiés et c’est important pour la production, c’est important également pour la sauvegarde de nos variétés homologuées qui sont très prisées ici et ailleurs.

 

Donc peut-on s’attendre à très bonnes récoltes ?

Tout à fait, si, je crois que si l’hivernage continue à ce rythme, nous osons espérer avoir des records parce que comme vous le savez, on a cette année emblavé beaucoup plus de surfaces que l’année dernière et cela est du au nombre important de matériels agricoles investis dans le monde rural. Je crois que la Diaspora également a contribué à cela. Nombreux d’entre eux sont venus investir en achetant des tracteurs et en engageant des saisonniers. Ce qui fait que donc les paysans et les producteurs sénégalais ont emblavé plus qu’ils emblavaient l’année dernière mais nous avons la Diaspora qui a également investi.

Et comme vous le savez aujourd’hui, ce qu’on qualifiait des paysans de dimanche, occupent aujourd’hui une place importante dans notre agriculture. En tout cas, c’est devenu aujourd’hui le Dada des sénégalais. Et c’est important parce qu’un pays sans agriculture, est un pays presque affamé. Un pays qui maîtrise son agriculture, effectivement.

Je crois donc que cette année, avec les surfaces emblavées, la qualité des semences, l’importance du matériel agricole distribué dans le monde rural, les intrants qui sont reçus à temps, si Dieu continue à nous gratifier de ces pluies, je crois que nous osons croire à de très belles productions. Et comme vous le savez, Dieu est omniprésent et souhaitons comme il a été toujours le cas que cela continue jusqu’à fin octobre, cela nous permettra de régler le problème de l’agriculture. Et régler le problème de l’agriculture, c’est trouver la solution aux problèmes du Sénégal, c’est donc aller directement vers l’émergence.

Maintenant quelles sont les difficultés rencontrées par les paysans ?

Les difficultés, c’est que le plus souvent, le quota en termes de semences, alloué à la commune ne suffit pas parce que comme vous le savez, l’Etat ne peut pas tout donner. Certes quelques paysans qui n’avaient pas pu faire des réserves personnelles se retrouvent certainement avec une quantité qui ne peut pas faire travailler toute la famille.

Cependant les paysans ont fait des efforts cette année et nous avons des organisations paysannes qui ont signé cette année des contrats avec des paysans ou bien avec des structures avec la SONACOS pour permettre à cette dernière de mettre à la disposition de ces paysans des semences et en contrepartie, pendant la campagne de commercialisation, ces fidèles clients vendront leurs productions à ces structures parce que ce sont des structures qui sont concurrencées par des importateurs chinois. Si maintenant, on ne fidélise pas une clientèle, le client peut aller là où on paye le plus et cela va porter préjudice à des fleurons comme la SONACOS mais Dieu merci, depuis sa récupération, l’Etat avait accompagné la structure au niveau de la Banque Islamique à trouver plus de 45 milliards lui permettant de pouvoir faire une bonne campagne de commercialisation et préparer la campagne agricole.

Maintenant, c’est fini l’époque où le paysan se débrouille pour faire son budget de culture et pendant les récoltes, va directement au niveau du marché, vendre de se frotter les mains, non aujourd’hui, les structures comme la SONACOS, doivent en amont contribuer à la bonne tenue de la filière et pour cela, ils signent des contrats avec des producteurs en mettant à leur disposition des semences sous forme de prêts, des intrants et les accompagner pour que maintenant pendant la commercialisation, ces derniers retournent l’ascenseur en vendant une partie de leur production et là c’est des actions gagnant-gagnant, les producteurs vont gagner, les structures comme la SONACOS vont gagner. Donc cette année, on a pensé devoir encourager cela.

Et cela nous a permis d’avoir l’espoir qu’en cas, il y a un pacte entre ces structures et entre les producteurs. Et les producteurs ont beaucoup emblavé cette année et la qualité des semences nous permettront certainement de dire que si ça continue comme ça, nous parviendrons à faire de très bonnes productions cette année.

Comment analysez-vous le prix du kilogramme d’arachide. Peut-on s’attendre à une hausse du prix cette année ?
Et bien comme vous le savez, l’arachide peut chaque année connaître des hausses parce que c’est une denrée très prisée, parce que non seulement nos industries locales mais vous avez maintenant l’étranger, prenez la Chine qui produit pourtant 12 millions de tonnes mais qui vient au Sénégal alors bousculer nos entreprises pour prendre nos 1 millions de tonnes que nous produisons parce que l’arachide non seulement est prisé mais l’huile d’arachide aujourd’hui, est demandée de partout.

L’année dernière, vous avez vu, le marché international se trouvait à 135 F pendant l’ouverture de la campagne de commercialisation mais l’Etat sénégalais que je félicite au passage d’avoir crée toutes les conditions possibles permettant une bonne production, en subventionnant, les semences, intrants et matériel agricole et en accompagnant pendant la commercialisation, avait subventionné le prix au producteur.

Avec 135 F au niveau international, le Sénégal avait pensé devoir acheter à 210 F, voir même 220 F, c’était pour encourager le producteur. Donc si le producteur vendait le kilo à 220 F, c’est que le gouvernement a mis une subvention parce qu’à l’époque, on ne pouvait pas vendre à l’étranger de plus de 235 F. Cette année-ci, on va attendre de ce que cela va donner. Si le kilo au niveau international, arrive à 200, 210, 220 F et ça va engager beaucoup moins l’Etat sénégalais mais je sais que responsable qu’est cet Etat, il prendra toutes les dispositions pour que le prix soit rémunérateur mais il ne faudrait pas qu’on laisse les paysans entre les mains des bradeurs ou bien des « mbapat man » et pour leur permettre d’utiliser la sueur des paysans pour se sucrer le dos.

Comment appréciez-vous le travail abattu à la tête du ministère de l’agriculture par Dr Pape Abdoulaye Seck ?

Je félicite d’abord l’Etat d’avoir mis à la disposition des paysans toutes les conditions de production. Je félicite donc le docteur Pape Abdoulaye Seck comme vous le savez, c’est un expert, un agronome qui a fait ses preuves au Sénégal, il a été directeur de l’ISRA. Mais quand il a été à l’étranger, au niveau de l’Africa Rice, vous savez que c’est un poste très important mais en patriote quand le président de la République a sollicité ses services, il n’a pas hésité, il est venu prendre l’Agriculture mais les schémas qu’il nous avait tracés, la vision du Président qu’il avait voulu traduire de par des actes concrets, nous ont permis aujourd’hui d’avoir une Agriculture moderne, une agriculture qui peut être durable.

Je crois que donc, c’est l’occasion de le féliciter, de l’encourager et de lui manifester l’engagement des organisations paysannes à ses côtés afin de pouvoir booster toutes nos filières, de pouvoir assainir notre agriculture en lui donnant une parfaite santé pour que celle-ci soit moderne, efficace et durable.
Propos recueillis par Massaër DIA

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